dimanche 7 octobre 2007

Chronique Américaine: Battles

The Drunken Unicorne, Atlanta, Georgia,15th June

Aujourd’hui, on a le choix entre deux concerts, d’un côté Feist avec Grizzly Bear au Variety Playhouse, du côté de Little Five Points ou un triptyque « at the Drunken Unicorne » avec Battles en tête d’affiche. Découvert quelques jours auparavant ce dernier concert m’emballe assez, Battles on annonce la couleur, c’est mon avant dernière-claque avant Elvis Perkins, rien que ca, Môôôssieur

19h25, bus 37 en direction de Midtown Station, il est fait très chaud à cette heure, on doit encore dépasser les 85°F, la ville vit sa période de calme avant la tempête de soirée qui verra Peachtree Street, se remplir de voitures, limitées à 20 à l’heure dû au trafic impensable causé par un afflux de personnes vers les bars de Downtown.

19h50, sortie de la station North Avenue, il me reste environ 2 km de marche sur Ponce de Leone Avenue vers ma destination finale, The Drunken Unicorne, Ponce de Leone Pl 736.

A mi-chemin, changement de décor, augmentation du nombre d’endroits délabrés au fûr et à mesure de mon avancée, je suis décidé et ai acheté mon ticket, je continue ma route.

20h10, Ponce de Leone Pl, me voilà, enfin, pensant être en retard (annonce de début à 20h), j’avais en effet accéléré le pas afin de rater le moins possible le premier concert.

Après avoir cherché 5 minutes la salle, je me dirige vers une place où on trouve un magasin délabré, un bar où on doit prendre deux consommations avant de pouvoir en sortir et un magasin d’impression de t-shirts personnalisés.

J’interpelle un groupe de personne, leur demandant où se trouve la salle, ils m’indiquent une porte en contre-bas et m’assure que je pourrais obtenir mes tickets dès que les portes seront ouvertes, il est alors 20h25 environ et je débute sans le savoir à ce moment-là une attente d’environ 35 minutes.

Pendant ce laps de temps arrivent doucement, au goutte-à-goutte, un public qu’on sent impatient papotant au sujet de la possible « toujours existence » de Don Cabalero ou du dernier vu du côté de la Licorne.

21h, on rentre, après un bref tour du propriétaire, je me rends compte qu’aujourd’hui, on ne sera pas beaucoup, la salle avec ces 20 mètres de long ne permet d’accueillir qu’un peu plus de 200 personnes.

21h10, c’est le début des concerts, Judi Chicago , deux gars débarquent de nulle part et entament un strip-tease devant la scène passant de leurs habits civils à une tenue « girly » pour l’un et un kimono-ceinture-jaune-élastique-dans-les-cheveux. On sent les deux lascars chauds comme la braise, ceux-ci jouent dans le public (la scène est majoritairement réservé à Battles) synthé et laptop sur le bord de la scène, micro dans la fosse n’hésite pas à se rouler par terre et allumer public masculin et féminin. On reçoit de plein fouet cette électroclash sur laquelle vienne se poser un flow rappelant au passage une affection générale pour Debeliouw partagée par chacun…

On sent l’ambiance qui monte bien que seules 50 personnes ont garni la salle. Kimono blanc emprunte le chemin de la fosse profonde et après des regards langoureux échangés avec une jeune fille ainsi qu’un “How are you doing?” qui m’est personnellement adressé suivi dans la foulée d’un « I’m fine », le concert s’arrête sous les acclamations.

21h40, on doit attendre environ 22h pour voir Battlecat qui nous place un rock punk-métal-hardcore, ce n’est pas ma tasse de thé mais certaines chansons possèdent quelques riffs pas mal foutus.

Puis vient 23h, Battles entre en scène ou plutôt Dave Konopka entre, branche sa guitare, touche sa basse enregistre une boucle, la passe dans une de ces machines, le rythme est lancé. Suit John Stanier, sa batterie jaune surmontée de sa cymbale au milieu de la scène sont les points d’attraction visuelle de ce concert. Enfin Tyondai Braxton et Ian William sont les derniers a nous faire l’honneur de leur présence.

Durant cette heure et quart, Battles ne cessera de garder un rythme fou enchaînant des chansons qui ne cesseront de nous faire entrer en transe. On est souvent au bord de l’essoufflement et lorsqu’un morceau se termine nos nombreux hurlements nous permettent à peine d’expirer tant l’expérience sonore proposée ce soir nous époustouflent. En plus de proposer une musique électronique composée d’une superposition invraisemblable de couches, le groupe ajoute des moments de groove, insoupçonnés, c’est assez gigantesque, on peut comprendre les litres de sueurs déversés par les quatre membres du groupe.

Lorsque j’ai écouté Mirrored pour la première fois, je n’ai absolument rien compris à ce qui m’arrivaient et ce côté étrange m’a poussé à approfondir mon écoute jusqu’à m’imprégner du rythme et ne plus pouvoir m’en séparer.

Ce soir, j’ai ajouté à mon expérience sonore, une expérience visuelle de la musique de Battles, à chaque son a été associé une phrase de guitare, une touche de synthé, un martèlement de batterie, un effet, une ligne de basse enregistrée puis passée en boucle. Bref, une sorte de déconstruction de cette musique tout en n’enlevant rien au côté mystique.

Le groupe nous salue une première fois, humble, satisfait de voir un public satisfait. On hurle et on les oblige à revenir nous apporter une dernière salve de sons, tâche à nouveau accomplie avec mention.

Battles quittent enfin la scène de l’ordre inverse de leur arrivée, Dave Konopka débranche ces amplis et autres machines et nous remercie main droite, marque d’un profond respect.

0h20, après avoir acheté mon t-shirt et glissé que je venais d’Europe et plus particulièrement de Belgique, Dave Konopka m’annonce que Battles sera de retour en Europe au mois d’août pour les festivals d’été, occasion rêvée de les revoir.

0h25, je sorts de la salle à ma gauche Ian William discute avec le chanteur de Battlecat, le rythme continue à résonner dans ma tête, me prends l’envie de courir et je remonte ainsi Ponce de Leone Ave sur un kilomètre et demi… Je m’arrête, j’ai les jambes remplies d’acide lactique, je suis à bout de souffle, mais la musique est toujours présente, elle a décidée de ne plus me quitter, je suis toujours surexcité par cette soirée. Tellement surexcité que je rate North Avenue et continue ma route en courant sur Peachtree Street pour finir par prendre le métro à la station Civic Center, il est 0h45, la station est déserte, je n’arrive pas à rester assis, je ne peux contrôler mes jambes, la batterie, les guitares, les synthés, tout ceci n’est que résonance dans ma tête.

1h15, Arts Center station, je prends probablement un des derniers bus, le chauffeur égyptien me reconnaît, nous discutons, je ne sais pas s’il ressent mon état de transe mais en tout cas, il m’a reconnu, nous discutons de choses et d’autres, nous nous tenons compagnie dans cette longue nuit d’Atlanta.

Il me dépose de manière à m’éviter de devoir marcher d’inutiles mètres supplémentaires et nous nous quittons sur un « Aurevoir »

1h30, Intown Suite Hotel, je m’avale probablement 1 litre d’eau tandis que j’amorce une timide descente qui est censé m’amener vers un sommeil que je souhaite profond.

Au moment d’entrer dans ma douche je ne sais toujours pas que je n’atteindrais pas mon objectif, que cette douche réparatrice n’aurait aucun effet sur cette musique qui résonne dans ma tête, que définitivement je devrais passer une nuit endiablée avec Battles pour diriger le rythme.

2h30, la lumière s’éteint mais le rideau se lève sur une nuit qui sera définitivement courte

Le réveil a sonné, mon sac à dos préparé, je monte dans le bus pour Midtown station, une nouvelle journée au rythme endiablé commence… Yeah, Guys, I have Battles in my Life

Allez, à fond Gaston

1 commentaire:

Marc a dit…

Battles en concert, c'est vrai que c'est quelque chose de marquant. Je confirme, ils sont revenues pour les festivals d'été (Pukkelpop notamment) et même la semaine passée à Leuven

Continue à nous faire saliver avec tes concerts.

Tschaw